Bienvenue dans la 3ème partie de l’interview de Cédric Dumesge. Nous abordons cette fois-ci, la physiologie du nourrisson. Cela m’a permis de poser des questions sur comment porter bébé, comment l’aider dans son développement les premiers mois et nous parlons également de la plagiocéphalie. Bonne lecture ou visionnage !
Alexandra : On peut passer aux questions autour de bébé. Qu’est ce que la physiologie du bébé ? Elle est peut être un peu générale cette question. Mais je me rends compte qu’on n’est pas du tout informé sur ce qui est physiologique ou pas avec un bébé. Éventuellement, on nous montre comment le porter au début, mais ensuite on est tout seul chez nous, une fois rentrée de la maternité.
Cédric : la physiologie, c’est un grand et vaste sujet, puisque c’est le fonctionnement du corps. Il y a la physiologie articulaire, digestive, il y a plein d’autres aspects. Je vais rester sur mon domaine qui est plutôt la physiologie articulaire de l’enfant. Un enfant n’est pas un adulte. Ce n’est pas un mini adulte, il a une physiologie qui lui est propre et qui va tendre au fil de l’évolution à devenir celle d’un adulte.
Un bébé quand il naît ou quand il est dans le ventre de sa mère, il n’a qu’une seule courbure du dos. Un adulte a 3 courbures. Quand on regarde un adulte de profil, on va voir qu’il a une courbure cervicale, ce qu’on appelle une lordose cervicale (un creux), puis un arrondi du dos (cyphose dorsale) et à nouveau un creux lombaire. Un nouveau-né va avoir simplement la cyphose dorsale, l’arrondi. C’est pour cela qu’il a toujours sa position de foetus. Il va acquérir les 2 autres courbures qu’au fil de son évolution. La première courbure qui va apparaître, c’est la lordose cervicale. Celle-ci va être vraiment bien prononcée lorsqu’il va tenir sa tête. Au début, il va commencer à se mettre sur le ventre, il va un peu forcer sur les cervicales en extension. Et quand il va se tenir assis et qu’il aura vraiment la tête à la verticale, il va vraiment avoir ce creux cervical. Quand il va commencer à se mettre debout, à marcher, il va créer sa lordose lombaire. Il faut savoir que l’acquisition de la marche se fait jusqu’à 7 ans chez un enfant.
Alexandra : Ah oui jusqu’à 7 ans !
Cédric : c’est pour cela qu’il chutent beaucoup quand ils sont petits, parce qu’ils ne savent pas marcher en réalité. On pense qu’ils savent marcher, mais ils ne savent pas marcher. Cela ouvre le sujet de la manière dont on va chausser l’enfant. On ne chausse pas un enfant comme on chausse un adulte, même à 5 ans.
Alexandra : On fera un sujet exprès.
Cédric : On pourra revenir dessus, c’est un vrai sujet. Très important d’ailleurs.
Donc l’enfant va acquérir ses courbures globalement à ses 7 ans. Tout en sachant qu’un sacrum, la terminaison de la colonne vertébrale, s’ossifie qu’à 25 ans. Donc pendant toute la croissance, on continue à avoir un travail sur la colonne vertébrale. C’est pour cela que pendant l’adolescence, une colonne peut se déformer complètement et créer une scoliose. D’où la prévention en ostéopathie, sur la détection précoce de la scoliose et ne pas attendre qu’il y ait une vraie déformation, pour redresser le corps. Je crois que tu t’y connais là dessus, Alexandra.
Alexandra : Oui, on l’a vu trop tard chez moi.
Cédric : je reviens sur la physiologie, un nouveau-né va avoir une cyphose, donc il faut préserver cette cyphose. Il ne faut absolument pas tenter de le mettre à la verticale. Donc, tout ce qui va être porte-bébé, il va falloir bien le choisir. Un porte bébé physiologique, c’est un porte bébé qui permet de maintenir l’arrondi du dos. Et qui va permettre également d’avoir les jambes “en grenouille”. Il faut savoir que les fémurs d’un nouveau-né ne sont pas bien maintenus dans le bassin et si les jambes de l’enfant, dans le porte-bébé sont verticales, on peut créer des petites luxations des hanches. Il existe un angle à 90° entre le bassin et les fémurs de l’enfant dans le porte-bébé, puis les tibias sont à nouveau verticaux.
Donc un porte bébé physiologique, il garantit la position du dos et une bonne position du bassin. Il faut bouger le bébé, le rôle premier du parent dans la première année de l’enfant, autre que sécuriser l’enfant, le nourrir et lui permettre de dormir, ça va être également de l’encourager à bouger. Ce n’est pas le guider à bouger. L’encourager c’est lui donner les possibilités de le faire, mais lui laisser prendre son rythme. On ne fait pas marcher un bébé, en le tenant par la main, pour « l’entraîner à marcher”. Un bébé ne peut pas marcher à 3 mois, ça ne sert à rien de le mettre debout sur la table, pour qu’il fasse une marche automatique. Ça ne le fait pas progresser. C’est un réflexe archaïque, qui doit normalement disparaître naturellement.
Si on persévère à le faire marcher à 1 2 3 mois, on entretient ce réflexe archaïque qui va entraver l’évolution physiologique du cerveau de l’enfant. On encourage l’enfant à bouger, on fait de la motricité libre, on le laisse au sol, un bébé ça vie par terre, ça découvre le monde par terre, on sécurise les lieux. Il s’entraine à lever la tête, s’il veut un objet, il va essayer d’aller le chercher. On évite de le mettre dans un transat toute la journée, puisque là, on ne l’encourage pas à bouger. On évite le cosy, couffin toute la journée. On change souvent ses positions : dans la poussette, le porte-bébé, par terre…
Alexandra : sur le dos, à plat ventre, déjà ça évite la plagiocéphalie (la tête plate derrière) et ça lui permet de découvrir son environnement de différentes façons.
Cédric : on va le faire maturer niveau cérébral plus rapidement, si on le laisse découvrir le monde. Ça permet de préserver son corps : on ne va pas écraser sa tête parce qu’il y aura pas un appui longtemps dessus. On ne va pas altérer son dos parce qu’il va pas être sans arrêt à la verticale.
Par rapport à la plagiocéphalie, je pense que c’est important d’en parler. Là, je n’ai parlé d’aucun instrument, car en réalité, il n’y a besoin d’aucun équipement pour le bébé. On voit beaucoup, dans les magasins de puériculture de coussin anti-tête plate, matelas anti-tête plate, cocoonababy, coussin avec des micro-billes. C’est très marketing. C’est très anthropomorphisme, comme avec les animaux. Quand on a un animal, on a tendance à vouloir le faire parler, le considérer comme un humain. Les propriétaires d’animaux, on tendance à acheter plein de matériel qui ne sert à rien (manteaux, pull). On a tendance à faire pareil avec un bébé. Les coussins anti-tête plate ou micro-billes ne servent à rien du tout, cela ne fait que limiter le mouvement de l’enfant. Dans le coussin en micro-bille, l’enfant va s’enfoncer dedans, il va être bien, mais il ne va pas bouger. Le crâne va tout de même s’aplatir, car il est tout mou et que la gravité va quand même s’appliquer.
Alexandra : Je ne sais pas comment sont ces coussins, mais il a peut être un risque d’étouffement, s’il est enfoncé dedans ?
Cédric : Non, parce qu’il ne bouge pas. Il n’y a pas eu de cas d’étouffement. Mais au niveau marketing, eux communiquent sur le fait que ces coussins là limitent les plagiocéphalies alors que non pas du tout.
Alexandra : ils n’ont pas d’utilité spécifique. Si l’enfant est un coup en portage, un coup au sol, un coup sur le ventre. S’il ne passe pas 24h/24 la tête posée, son crâne ne va pas s’aplatir.
Cédric : Non, exactement . Généralement, les coussins anti-tête plate sont ronds avec un creux au milieu. On s’imagine que l’enfant pose sa tête et qu’aucune pression ne s’applique (au niveau du creux). Mais ça ne change rien, la gravité s’opère quand même et l’aplatissement peut se faire.
Alexandra : Donc on a vu qu’il fallait faire attention au porte-bébé qu’on choisit, le laisser libre de ses mouvements et éviter les accessoires inutiles comme le coussin spécial tête plate. Est-ce qu’il y a d’autres choses ? Par exemple, est ce qu’on doit le porter en lui soutenant la tête jusqu’à quel âge ? Est-ce qu’il y a des mouvements qu’on doit faire ou ne pas faire avec l’enfant ?
Cédric : dernier petit élément, parce que ça c’est un élément de communication que font les PMI. On évite les trotteurs.
Alexandra : Ah oui, moi ce que j’appelle les “youpala”. Le petit siège-hamac, avec des roulettes, on le met dedans, il peut marcher en étant soutenu.
Cédric : Tout à fait. Pourquoi un parent achète un youpala, c’est parce que ce parent est parfois très occupé (fait la cuisine, donne le bain aux aînés) et cela semble assez sécurisé. Quand le bébé est dans son youpala, il a tout une bordure autour de lui qui l’empêche d’atteindre des objets en tendant les bras. L’enfant est libre, il avance dans la maison. Sauf que souvent ces youpala sont utilisés chez des enfants qui ne marchent pas encore. Et cet enfant n’a pas encore les chaînes musculaires en avant et en arrière des jambes, qui sont équilibrées. Si l’enfant apprend à marcher avec un youpala, il va marcher avec des chaînes musculaires postérieures qui sont trop sollicités. Donc on va avoir un enfant qui va marcher avec la pointe des pieds. Cela va se coder de cette manière là dans le cerveau et pour revenir en arrière, c’est très difficile, c’est parfois des années de rééducation.
Alexandra : J’ai eu l’occasion de voir une petite fille, chez l’assistante maternelle où j’allais pour ma fille, elle allait beaucoup dans le youpala chez ses parents, elle avait les cuisses bien musclées, mais par contre elle ne tenait pas bien son dos.
Cédric : exactement, les muscles ne fonctionnent pas de façon uniques, ce sont des chaînes musculaires qui fonctionnent ensemble. Dans aucun mouvement de la vie quotidienne, on ne va juste utiliser le quadriceps ou le mollet, ça n’existe pas. Quand on marche, on utilise le mollet, le quadriceps, les fessiers, le dos. Et le balancier des bras. Donc tous ces muscles-là doivent être équilibrés et se former ensemble au même rythme. Donc, si un enfant muscle les membres inférieurs, avec un dos tout mou, on démarre dans la vie avec un déséquilibre, assez prononcé.
Je crois que je n’ai pas répondu à ta question ^^.
Alexandra : C’était comment le porter ^^.
Cédric : pour le porter au départ. On va déjà dire ce qu’il ne faut pas faire : on va éviter de le porter sous les aisselles.
Alexandra : c’est très dur d’enlever cette habitude qu’on a, parce qu’on a toujours vu tout le monde autour porter en dessous les aisselles, les bébés.
Cédric : si nous on se faisait porter sous les aisselles, on ne serait pas très à l’aise. On a tout de suite la respiration qui se bloque, donc on a une capacité respiratoire qui diminue. On peut bloquer un petit peu les côtes. Et puis sous les aisselles, on va avoir un lien direct avec les vertèbres du haut du dos et les cervicales. Le fait de créer toute cette pression autour des aisselles peut chez un nouveau-né bloquer les cervicales supérieures et créer des torticolis. En plus, si le bébé sort du bain, est mouillé, on va encore plus serré et davantage augmenter ce risque là.
Un bébé se porte avec 2 appuis, la première prise se fait sous le bassin. Si on considère un bébé allongé, on va passer la main sous le bassin, on place le doigt au dessus, au niveau du pubis. Après, on va faire basculer un peu le bébé, ce qui va avoir pour effet de faire tourner un peu la tête de l’enfant. On passe la main sous la tête de l’enfant et on soutient l’enfant de cette manière-là. Cette main qui est sous le bassin, c’est elle qui guide tout le mouvement. Et la main sous la tête ne fait que tenir la tête de l’enfant car il ne la tient pas. Du coup, on a au milieu tout le dos qui est arrondi.
Alexandra : jusqu’à quel âge il faut soutenir la tête ?
Cédric : jusqu’à ce qu’il la tienne. Ce qui est globalement connu c’est 3 mois. A 3 mois, un enfant tient sa tête quelques secondes. Le test pédiatrique, c’est que l’enfant doit tenir quelques secondes sa tête quand on le maintient assis. Il tient sa tête et puis ça va dans tous les sens et au bout d’un moment il l’écroule. S’il arrive à maintenir sa tête 5-10 secondes, le test est réussi. Donc on est pas encore à une tenue de tête.
Alexandra : Ah oui, donc il faut encore le soutenir à cet âge là. Jusqu’à quel âge ?
Cédric : ça dépend comment est sollicité le mouvement chez l’enfant. Un enfant tient correctement sa tête à 6 mois.
Alexandra : Donc jusqu’à 6 mois, on le soutient à la fois par le bassin et la tête. Et après, comment on le porte ? Ma deuxième est quand même assez lourde, si je devais la soutenir par le bassin à une main, moi j’y arrive pas.
Cédric : après on peut porter l’enfant en le soulevant sous les aisselles, une fois qu’il grandit. Après on le plaque contre nous, on le tient généralement, avec une main dans le dos et une sous les fesses. Il n’y a plus besoin de tenir la tête. Chez un nouveau-né souvent, les gens le tiennent longtemps sous les aisselles, ils vont le manipuler comme ça partout, ils vont se le donner. Chose qu’on ne fait pas après chez un enfant plus grand.
L’enfant plus grand quand on l’a dans les bras, il se retourne, il tend les bras, il s’accroche. Il n’y a plus ce mouvement où on attrape l’enfant de manière durable sous les aisselles.
Alexandra : A partir du moment où il commence à se déplacer, comment peut- on l’aider, sans entraver sa motricité ? (on le laisse libre, est ce qu’il y a des choses qu’on peut faire pour l’aider ?)
Cédric : on sécurise les lieux, on n’est pas obligé de lui donner accès à toute la maison. On peut sécuriser une partie du salon, pour que ça soit sa zone de motricité. Il n’a pas besoin de 50m² pour apprendre à marcher. On sécurise pour ne pas avoir besoin d’intervenir sur cette motricité. On met les objets à son niveau, pour qu’il soit attiré par ses jouets, des éléments de son environnement et qu’il puisse saisir lui-même ses jouets. Il peut découvrir son corps, on peut installer un miroir au sol. Plus l’enfant va se voir dans le miroir, plus il va avoir la conscience de son corps. Plus il va avoir conscience de son corps, plus il va bouger rapidement et avoir une meilleure motricité.
Alexandra : A est ce qu’on revient sur la plagiocéphalie ? Qu’est ce que c’est ?
Cédric : on pourrait en parler pendant une demi-heure. Mais en deux mots, la plagiocéphalie, c’est une déformation du crâne de l’enfant. il y a plusieurs causes à la plagiocéphalie. Si on prend dans l’ordre de conception :
- On peut avoir l’enfant qui est mal positionné dans le ventre de la maman et écrase sa tête sur le bassin ou les côtes.
- une grossesse gémellaire : les deux enfants qui manquent de place et qui vont du coup aplatir leur tête l’une contre l’autre, donc on va avoir une déformation du crâne d’un ou des deux enfants.
- la déformation du crâne lié à l’accouchement, au passage dans le bassin
- de l’enfant qui est mis dans un coussin ou matelas où il ne peut pas bouger
- de l’enfant qui a un torticolis. Il a toujours la tête du même côté, il va déformer son crâne sur le point d’appui.
Le discours souvent donné à la maternité, c’est que la plagiocéphalie disparaît toute seule sans intervention. C’est vrai exclusivement pour les plagiocéphalies liées au processus d’accouchement. C’est -à dire qu’une fois qu’on a retiré la contrainte et la cause de la plagiocéphalie, le crâne de l’enfant se réarrondi en 2-3 jours. S’il ne s’est pas ré-arrondi dans ce délais, ça veut dire qu’on a pas retiré la contrainte. Ça veut dire qu’il a encore un torticolis ou que l’enfant a passé 9 mois avec le crâne écrasé et c’est trop marqué pour que cela disparaisse tout seul. C’est là qu’on doit être amené à consulter, si la déformation ne disparaît pas en 3 jours-1 semaine.
Il y a 2 types de déformations du crâne : on a la plagiocéphalie qui est la déformation latérale et la brachycéphalie qui est la déformation postérieure symétrique. Ces déformations vont avoir des incidences différentes sur le squelette.
La plagiocéphalie, il faut imaginer le crane de l’enfant, s’il est applati (sur le coté), on va avoir tous les os du crâne qui vont être poussés vers l’avant, donc on va avoir une bosse frontale qui va apparaitre et de l’autre côté à gauche, une bosse occipitale. Esthétiquement ce n’est pas la joie, il n’y a pas de raison de laisser l’enfant comme ça. Il peut aussi y avoir des conséquences, si les os vont vers l’avant, on va avoir tout le visage déformé, la mâchoire également, donc on peut avoir des troubles de la succion et d’élocutions (puisque la mâchoire est déformée),
Alexandra : ça entraîne beaucoup de conséquences en fait.
Cédric : beaucoup de choses, on peut avoir des otites chroniques à cause de l’écrasement des os.
Alexandra : je suis curieuse de savoir comment tu peux faire pour résoudre ce problème là.
Cédric : la première chose, c’est de retirer la contrainte. Si la contrainte initiale c’est le torticoli, on va débloquer au niveau des cervicales de manière très douce, pour que l’enfant puisse tourner la tête des deux côtés. Ça se fait généralement en 1 séance quand on le prend très tôt. Après on va travailler sur les os du crâne. Il faut imaginer les os du crâne comme des pièces d’un puzzle, il y en a plusieurs imbriqués ensemble. Entre chaque, il y a une fine délimitation, c’est la zone de croissance membraneuse du crâne. , la réunion des zones membraneuse va former les fontanelles
Alexandra : la fontanelle, c’est le trou sur le dessus du crâne.
Cédric : il y en a plusieurs. Celle sur le dessus de la tête est la plus connue, la même à l’arrière de la tête, on en a 2 de chaque côté. Toutes ces fontanelles se ferment plus ou moins rapidement. Celles qui sont à l’arrière se ferment à 3 mois, d’autres à 6 mois, 8 mois et celle du dessus elle existe jusqu’à 18 mois. Une fontanelle c’est la réunion de plusieurs os. Ces os fonctionnent comme des plaques tectoniques : ça bouge. Si pour une raison les os se chevauchent, on va avoir une déformation du crâne. L’ostéopathe, tout doucement, il va faire en sorte que les plaques osseuses se réalignent l’une en face de l’autre.
Alexandra : toi, tu réaligne les os, la déformation c’est parce qu’ils étaient chevauchés, pas parce qu’ils étaient devenus tout plats ?
Cédric : il y a les 2, il y a les chevauchements et l’aplatissement. Un os ne pourra pas “rebomber” s’il y a chevauchement. L’ostéopathe va faire en sorte qu’il n’y ait plus de chevauchement, que la cause de l’aplatissement parte. Après, avec des conseils auprès des parents, on va pouvoir laisser au repos la zone du crâne écrasée. En quelques semaines, ça s’arrondit parce qu’il n’y a aucune contrainte qui persévère dessus.
Alexandra : d’accord ok, ben j’ai appris plein de choses.
Cédric : plus c’est pris tôt, plus ça se résorbe facilement, puisque comme je l’ai dit les fontanelles s’ossiefient plus ou moins rapidement. Plus on a de fontanelles actives, c’est à dire libre de mouvement, plus on a d’action sur le crâne.
Alexandra : Plus le bébé est petit, plus c’est facile à résoudre en fait.
Cédric : l’idéal étant le premier mois de vie de l’enfant, c’est génial, on a un résultat optimal. L’idéal étant de le prendre en charge dans ses 3 premiers mois au minimum, on peut aller jusqu’à 6 mois. Après 6 mois, ça devient assez compliqué et très souvent ce sont des déformations sévères. Pour limiter les dégâts sur la colonne vertébrale, la mâchoire, l’oreille etc, on a recours à un casque. Donc il y a des orthèses crâniennes, que l’enfant doit porter 24h/24, ça se fait auprès de neuropédiatres spécialisés en plagiocéphalie. Ils prescrivent et suivent les enfants sur ce traitement. C’est très coûteux pour les parents. Ça nécessite beaucoup de temps car il faut se déplacer dans le centre d’orthèses pour la réajuster à la forme du crâne.
Alexandra : là c’est vraiment un traitement lourd.
Cédric : C’est intéressant de voir qu’on a deux discours. on a un pédiatre classique en maternité, ou en ville, qui peut ne pas être formé en plagiocéphalie. Beaucoup de pédiatres aujourd’hui sont informés et se forment sur la plagiocéphalie et réoriente vers l’ostéopathie. A coté de ça, on va avoir des pédiatres hyperspécialisés, qui travaillent toute la journée exclusivement sur les déformations sévères du crâne de l’enfant qui ne peuvent plus être traités par l’ostéopathie et ont besoin de casque. Même au niveau pédiatrique, la connaissance n’est pas la même chez tout le monde.
Alexandra : ok, donc ce que tu conseille c’est de consulter un ostéopathe 1 semaine après l’accouchement. Comme ça si c’est une petite plagiocéphalie, elle est résorbée et ça permet de vérifier si bébé a des blocages, qu’il a eu soit pendant la grossesse, soit à l’accouchement.
Cédric : Exactement. J’ai parlé de beaucoup de choses qui pouvaient arriver à l’enfant, mais il ne faut pas se mettre un stress. Il suffit de venir une fois au cabinet
Alexandra : oui, on vient en prévention.
Cédric : Ce que je conseille toujours aux parents, c’est de ne pas venir directement après la sortie de maternité, à part si l’enfant à quelque chose d’assez flagrant à corriger tout de suite. Mais si les parents ne remarquent rien et que tout semble normal, attendre une semaine, 15 jours, le retour à la maison. Parce que le bébé à la maternité, ce n’est pas le bébé de la maison. Il se comporte différemment. C’est toujours intéressant pour l’ostéopathe, que les parents connaissent bien leur enfant et puissent donner beaucoup d’informations sur son rythme de sommeil, son rythme alimentaire, sur sa sérénité. Plein de petits détails qui ne peuvent pas être perceptibles à la maternité, parce qu’on est dans un environnement qui n’est pas très serein pour l’enfant.
Alexandra : d’accord, donc vers 15 jours.
Cédric : c’est ça, 15 jours c’est très bien.
Ravie que vous m’ayez lu jusque là.
Si vous souhaitez voir les autres parties de l’interview :
Interview partie 1 : comment l’ostéopathie peut aider la jeune maman et le bébé
Interview partie 2 : l’ostéopathie aide pendant la grossesse et l’accouchement
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