Bienvenue dans cette nouvelle interview de Gaëlle Baldassari, nous avons abordé de nombreux sujets variés comme la chute hormonal, le retour des cycles menstruels, l’allaitement enceinte, la contraception. Le tout agrémenté de nos expériences personnelles de l’allaitement.

Bonne lecture

Sommaire (si vous préférez aller directement à la partie qui vous intéresse) :

1) Comment la chute d’hormone agit sur nous après l’accouchement

2) On vit différents deuils

3) Notre état émotionnel lors du séjour en maternité (et nos expériences personnelles).

4) Les hormones de l’allaitement

Quelles sont les hormones de l’allaitement et font-elles grossir ?

Comment évoluent ces hormones pendant l’allaitement si on allaite plusieurs moi voire années ?

5) Tomber enceinte quand on allaite

6) Notre expérience de l’allaitement long

7) Le retour des cycles menstruels a t-il un impact sur l’allaitement ?

8) Le baby-blues et la dépression post-partum

9) La contraception, la vie de couple et l’allaitement

La contraception hormonale (pilule) a t-elle un impact sur la lactation ?

la contraception naturelle

Notre état émotionnel joue sur notre relation de couple en post-partum

10) Comment la grossesse influe sur l’allaitement ?

11) Entre culpabilité et principes à transmettre à nos enfants : nous sommes leur modèle

Alexandra : Bonjour Gaëlle et à celles qui nous regardent, je suis très contente de te retrouver aujourd’hui, car je te suis sur la page Kiffe Ton Cycle depuis un moment et j’ai découvert tes sommets en ligne qui regroupent des conférences très intéressantes et pertinentes. Je suis ravie de te retrouver aujourd’hui. 

 

Gaëlle: Merci beaucoup Alexandra, bonjour à tous et à toutes. 

 

Alexandra : On a eu toutes les deux une sorte de révélation autour de la maternité, toi c’est autour du cycle menstruel et des hormones et de mon coté, c’était avec l’allaitement et mon rôle de maman. 

Aujourd’hui on va parler des hormones et de l’allaitement, mais dans un premier temps est-ce que tu peux te présenter ? 

 

Gaëlle: Bien sûr, avec plaisir. Je suis Gaëlle Baldassari, la créatrice de Kiffe ton cycle. C’est une start-up qui a pour but d’oser le bien être menstruel. Le but est de faire en sorte de réhabiliter le cycle menstruel quand il va bien de régler les problèmes quand il ne va pas bien. Pour cela, ça passe par l’information. Mon parcours est très liée à ce qui m’est arrivé à titre personnel, au cours de cette maternité, avant tout, avant la maternité, puisque je suis passée par la procréation médicalement assistée (PMA) et ensuite tout ce qui a pu se passer derrière. 

 

Alexandra : Ce mot “réhabiliter” m’a plu et j’ai envie de le réutiliser parce que, de mon coté ce que je souhaite c’est réhabiliter l’allaitement, puisque c’est quelque chose qui s’est perdu ces dernières années. 

1) Comment la chute d’hormone agit sur nous après l’accouchement ?

 

Aujourd’hui, autour des hormones, la première question qui me vient, c’est qu’il y a une chute d’hormone après l’accouchement. On n’y est pas vraiment préparée et je voulais savoir comment cette chute d’hormone agit sur nous ? 

Gaëlle : Ce qui se passe, c’est que pendant toute la grossesse, on est dans un bain de progestérone phénoménal. Les doses de progestérone sont bien supérieures à ce qu’on a pu vivre pendant notre cycle menstruel. C’est un anxiolytique, on ne le sait pas beaucoup, mais la progestérone est anxiolytique. Alors qu’on a tendance à penser qu’elle est sécrétée pendant la période prémenstruel où on a des tensions parfois à l’intérieur de nous, on peut penser que la progestérone crée de la tension, en fait non. La progestérone va avoir un effet un peu étrange, c’est à dire que c’est un anxiolytique général, donc ça diminue l’anxiété en généralité, par contre ça créé de l’anxiété sociale. C’est ce qui nous amène à nous recroquevillée dans notre bulle, on n’a moins envie d’aller vers les autres. Mais par contre, ça nous calme, ça nous apaise, ça augmente un peu la température de notre corps. Il y a quelque part ce coté un peu calmant. 

Et puis là, on vient d’accoucher, le bébé est sorti, le placenta est sorti. C’était le placenta qui sécrétait la progestérone. Donc on se retrouve avec une chute ultraviolente de cette progestérone. 

En plus, avec tout ce qui vient de se passer psychologiquement, émotionnellement, physiquement, on va avoir cette chute d’hormone qui  peut nous amener à avoir beaucoup d’anxiété, de pleurs, d’inquiétude. 

Il faut voir que cette chute hormonale, on la vit tous les mois, au moment des règles, puisqu’on était dans un bain de progestérone et d’œstrogène  pendant toute la période post-ovulatoire et puis la progestérone arrête d’être sécrétée puisque le corps jaune se délite. A ce moment là, c’est le signal pour que la progestérone et les œstrogènes diminuent fortement. C’est cette diminution qui provoque les règles. 

Donc là t’imagine dans un bain de progestérone encore bien supérieur à ce qu’on peut avoir dans le cycle menstruel. On a vraiment un effondrement, c’est un peu des maxi règles, pour avoir une image. 

Alexandra : En même temps physiquement, c’est ça. 

Gaëlle : c’est aussi ce qui explique que physiquement c’est ce qui se passe. C’est bien cette chute hormonale qui déclenche ces saignements qu’on va avoir. 

C’est ça aussi qui est drôle, on saigne comme ça et souvent les gens nous disent “mais je comprends pas, est-ce que c’est mon utérus qui est cicatriciel”. Non pas du tout, on a une chute hormonale qui fait que l’endomètre qui s’était bien nourri pendant toute la grossesse, va se déliter d’un coup et donc on a aussi des maxi-règles dans notre culotte. 

C’est ça la chute d’hormones et en plus d’une hormone qui est anxiolytique. 

Alexandra : Je ne savais pas qu’elle était anxiolytique, ça explique pourquoi on peut être calme. Je me rappelle mon mari qui m’avait dit “tu as été très sereine à la maternité”. C’est vrai que j’y suis allée tranquille. 

Gaëlle : Il y a ça et l’adrénaline aussi. Ce qui fait que ça déconnecte le cerveau. On se retrouve dans un état qu’on appelle l’état de “flow”. Je ne sais pas si tu connais. C’est l’état dans lequel on est à l’instant présent. On n’est plus en train de projeter sur le futur, plus en train de penser au passé, juste ici et maintenant et ça c’est quand même très très aidé par l’adrénaline du moment qu’on est en train de vivre. On vit l’instant et dans cet instant il y a une forme de sérénité puisqu’on accueille chaque chose qui se présente à nous. 

Alexandra : le côté “être dans le présent”, je l’ai aussi ressenti après, avec mon bébé de quelques mois, où je vivais dans le présent, les tétées, les couches et le quotidien. Je ne me projetais pas du tout plusieurs mois après. Ca aussi ce serait lié aux hormones ou à cet effet ? 

Gaëlle: Je dirai que c’est plus lié à notre histoire personnelle et à la façon dont on vit les choses actuellement et dans ce moment présent précis. Quand je dis “dans ce moment précis” c’est que le fait de devenir mère, va convoquer tout un tas de réactions qu’on avait pas l’habitude d’avoir avant, qui sont liées à notre histoire familiale, à la façon dont on a été élevé, à plein de choses. Donc la façon de réagir, va pas mal être en lien avec toute l’histoire que tu peux trainer. A contrario, certaines femmes vont être projetées dans un espèce de futur imaginaire, qui peut être terrifiant, avec beaucoup d’inquiétudes. “Quand il aura cet âge là, j’aurai peur de ça et ça”. D’autres vont être très très au présent et d’autres vont être dans le passé, à regretter un passé perdu, à beaucoup pleurer . Il y a une forme de deuil qui peut se faire à ce moment-là. Donc ça va dépendre de nos histoires à chacune. C’est pas lié aux hormones pour le coup. 

2) On vit différents deuils soutenus par les hormones

Alexandra : Quand tu parles de deuil, ça me fait penser au deuil de la grossesse en fait. 

Gaëlle: il y a plusieurs deuils à faire, c’est un peu ça le problème. 

Alexandra : C’est quelque chose auquel on n’est pas préparé, on n’y pense pas du tout avant. Ce côté où le bébé n’est plus à nous seule et plus en nous, quelqu’un d’autres peut le prendre etc. Donc, il y a vraiment un deuil de la grossesse et de cet état qu’on a pu aimé ou pas, où certaines femmes se sentent rayonnantes, bien etc. On ne s’imagine pas vivre ça en fait. 

Gaëlle: Il y a encore d’autres deuils : 

  • de notre vie d’avant, d’une liberté totale, pour arriver dans une zone où un être dépend de nous
  • il y a aussi un autre deuil auquel on ne pense pas, c’est celui de la position sociale de la femme enceinte, qui est très particulier et qui nous amène à certaines bénéfices, qui s’effondre totalement dès l’arrivée de l’enfant. Par exemple, dans certaines familles où c’était marqué – on en a beaucoup parlé avec des femmes de Kiffe Ton Cycle – elles se retrouvent à être comme “déclassées”, puisque l’enfant reprend cette place d’attention et la femme n’a plus aucune attention. Finalement, ça y est tout est terminé. 

Il y a beaucoup de deuils qui peuvent se présenter à nous dans cette période là. 

Alexandra : c’est vrai que de manière générale, la famille vient voir l’enfant s’il se porte bien etc, et la maman est mise au second plan. C’est très marqué, après ça dépend aussi du statut ou de la culture dans laquelle on baigne, mais il y a ce côté là effectivement. 

Gaëlle : il y a quand même un certain nombre de deuils à faire, ce qui explique qu’on pleure quelque part. et ça c’est soutenu hormonalement par cette chute de progestérone qui va nous amener dans le même état de deuil physiologique. C’est ça qui est intéressant, c’est de se rendre compte que les deux se répondent. Que dans une société équilibrée, on devrait avoir appris aux femmes à accueillir ce qu’elles vivent, à ce moment là particulier qui est soutenu hormonalement. 

Je parlais de maxi-règles tout à l’heure, on parle aussi d’un petit deuil tous les mois. Ne serait-ce que cellulaire, même si nous on ne voulait pas faire d’enfant. Il y a un petit deuil cellulaire, où les cellules espéraient avoir un enfant. Quand les règles arrivent, c’est que ça n’a pas marché quelque part. 

Un deuil n’est pas forcément négatif, on peut le vivre comme une forme de renaissance. D’ailleurs c’est un peu l’idée d’un cycle menstruel, c’est aussi une forme de renaissance. On n’est pas censé être au fond du trou, mais il y a une réalité qu ‘hormonalement on accompagne la fin de quelque chose, pour qu’il puisse naître autre chose. 

C’est ce qu’on vit hormonalement et c’est ce qu’on devrait nous accompagner à vivre. C’est pas trop ce qui nous est proposé dans le monde actuel. 

Alexandra : Effectivement, c’est intéressant de voir ta vision des choses car quand on le vit, on ne le voit pas forcément comme ça. Dans notre société c’est pas valorisé : “Une jeune maman qui pleure, non elle devrait être heureuse d’avoir son bébé”.On a beaucoup de choses marquées comme cela dans notre société. 

Gaëlle : Oui, dès qu’on se met à pleurer, on dit “c’est pas grave, c’est les hormones”. En fait, non on devrait juste être en train d’accueillir cette émotion qui se présente à nous.  Oui les hormones génèrent ça, je viens de l’expliquer, mais l’émotion, elle est le reflet d’une vraie émotion que je suis en train de vivre.

La balayer en disant “c’est pas grave, c’est les hormones”, c’est ne pas réaliser qu’on a quelque chose à accueillir. Et pour moi, la dépression du post-partum, elle naît à cet endroit là. Elle naît au moment où il y a des émotions fortes qui se présentent à moi, je suis en train de faire plein de petits deuils, plein de choses ont bougés dans ma vie.

Il y a plein de choses à abandonner, laisser partir pour pouvoir renaitre. Si ces émotions là ne sont pas accueillies, si je les enferment à l’intérieur de moi parce que j’ai pas le droit, je ne me sens pas autorisée, parce que c’est pas comme ça qu’on vit les choses, parce que plein de choses… en fait on va bloquer toutes ces émotions à l’intérieur. Elles ne vont pas pouvoir s’exprimer et elles vont nous ronger de l’intérieur. C’est là que naît pour moi la dépression post-partum. 

Alexandra : cette chute de progestérone, elle intervient juste après l’accouchement ou plusieurs jours ? Ça dure combien de temps ? 

Gaëlle : On a des corps très différents, qui vont utiliser et “dégager” les hormones différemment d’une personne à l’autre. Malgré tout la sécrétion s’arrête très très vite, après c’est juste le temps que le corps la nettoie. La progestérone est sécrétée par le placenta, donc une fois expulsé, la chute est rapide. 

Alexandra : En théorie c’est une question de jours, après il faut l’éliminer alors. 

Gaëlle : Ça peut être vraiment très rapide, on le voit, en général les premières montées de larmes peuvent arriver vite, dès le lendemain. 

Alexandra : On parle du 3ème jour, je crois. 

Gaëlle : Après il y a la fatigue aussi, le fait notamment quand on allaite, la fameuse 2ème nuit qui peut nous mettre dans un état de fatigue absolue et qui peut augmenter encore cette sensation là.  

Alexandra : la nuit de la “Java”. Je ne sais pas si c’est lié à l’allaitement. C’est aussi le fait que le bébé se rende compte qu’il n’est plus relié à sa maman et qu’il a besoin de s’exprimer pour dire qu’il a faim, froid ou autre chose. 

Gaëlle : Je me souviens très bien quand j’étais à la maternité, les professionnelles m’avaient dit “mais laissez-le à la pouponnière, on va s’en occuper, vous allez pouvoir dormir”. Comme moi je souhaitais absolument allaiter, il n’était pas question que je la laisse à la pouponnière, puisque dans ma vision des choses il fallait aussi que cette nuit-là aide aussi au déclenchement de l’allaitement. Je savais que si je la laissais à la pouponnière, elle serait supplémentée. 

 

3) Notre état émotionnel lors du séjour en maternité (et nos expériences personnelles).

Alexandra : C’est bien que tu ais su ça avant de leur laisser ta fille à la pouponnière. Les mamans ne le savent pas forcément en fait.  

Gaëlle : J’ai eu une chance inouïe, j’ai été accompagnée par une sage-femme qui m’avait expliqué vraiment tout ça et qui m’avait permis de suivre des cours de préparation à l’allaitement. 

Alexandra : Parfait !

Gaëlle: J’ai eu une chance folle, je le reconnais. C’est ce que je me suis dis en le vivant, même en le sachant, j’ai trouvé ça très dur. Je me rappelle avoir appelé mon conjoint en larmes, en lui disant “mais ramène une tétine, parce que je craque, j’en peux plus”.

Alexandra : Et puis, il y a les gens comme moi, qui ne savaient pas et qui ont aussi appelé le conjoint pour qu’il ramène une tétine. J’ai passé une nuit horrible : ma fille pleurait je n’arrivais à rien. Rien ne la calmait. Elle a eu la tétine a 2 jours et ça a été un frein pendant mon premier allaitement. Ca a été un frein tout le temps en fait.   

Gaëlle : J’ai une chance folle, c’est que j’ai une fille qui a un caractère de folie. Le deuxième jour, moi aussi le matin j’en pouvais plus, après la nuit que j’avais passée à la mettre au sein. J’avais demandé à mon conjoint de ramener une tétine. Je l’ai mise dans la bouche de ma fille. Elle l’a recrachée. Ok message reçu.  

De la même façon, il y avait une auxiliaire qui avait quasiment forcé, le fait de la supplémenter, ça avait été assez violent. Vraiment, j’ai laché parce qu’il n’y avait plus rien en moi qui pouvait résister et ma fille lui a tout recraché dans la figure !   

Alexandra : La mienne s’est “laissé faire” et ils ont même profité d’un moment où j’ai été aux toilettes. On m’avait dit qu’il fallait appeler quand on voulait se lever après la péridurale. Ok j’appelle une sage-femme et pendant que j’étais aux toilettes, elle a donné un biberon à ma fille. Elle avait juste 3-4 heures de vie. 

Gaëlle : C’est pas loin de ce qu’il s’est passé. Il me l’ont prise un peu pour l’emmener et puis en fait… enfin voilà j’ai trouvé ça très très drôle d’arriver, de voir la scène de ma fille qui recrachait. 

Alexandra : J’aurais aimé que ça se passe comme ça aussi. 

Gaëlle : Mais c’est terrible, parce que même en sachant, en ayant les éléments je me suis retrouvée acculée et prise de court. D’ailleurs c’est pour cela que après je me suis un peu enfouie de la maternité, avec ma fille sous le bras pour qu’on arrête de vivre ça. C’est terriblement maltraitant. 

Alexandra : J’ai essayé d’écourter pour ma seconde fille, mais non, j’ai pas eu l’impression qu’on nous laissait le choix. C’est très dur d’insister aussi quand on est fatiguée et qu’on vient de vivre un accouchement. 

Gaëlle : Je suis d’accord. Moi j’ai dis “je pars, soit vous nous mettez une hospitalisation à domicile, soit j’aurai rien, mais je pars”. Et je me souviens de cette phrase qui me marquera à vie tellement elle est maltraitante : la pédiatre qui rentre dans ma chambre – on était plusieurs dans la chambre – “c’est qui la primi du petit bébé jaune qui veut partir aujourd’hui ? “. En une phrase, tu as toute l’incompétence résume : tu es une maman indigne, tu es une primipare donc tu n’y connais rien, ton bébé est jaune donc tu vas le tuer et tu veux sortir alors qu’on t’as rien demandé. Je ne comprends pas comment on peut dire une chose aussi abominable à un parent.  

J’ai répondu “c’est moi”, elle me demande “quelles sont vos motivations pour sortir ?”. Je lui ai dis “parce que ce sera bienveillant chez moi, mon conjoint s’occupera de moi et me soutiendra, ici je ne me sens pas soutenue”.      

Alexandra : Tu as une grande force de caractère je le sais, mais les mamans quand elles racontent – en plus je revis le truc à chaque fois, je vie les choses quand je lis leur récit – et c’est souvent du personnel qui n’est pas soutenant. Heureusement, j’ai aussi de bons témoignages à côté, mais le personnel pas soutenant, le fait de ne pas avoir son conjoint pour aider aussi, on se retrouve la nuit toute seule. Il y a moins de personnel et c’est normal et les sages femmes ont d’autres patientes à s’occuper.  On se retrouve vite seule et c’est très dur à vivre après avoir vécu cet accouchement, tous ces bouleversements d’un coup.

Aujourd’hui, je trouve que le système de maternité où on est enfermé dans notre chambre, les mamans ne le vivent pas forcément bien. Elles parlent “on m’autorise à rentrer à la maison”, comme si elles sortaient de prison. On ne pense même pas qu’on a d’autres options, on ne pense même pas qu’on a le droit de dire “ben je rentre chez moi”. Et si jamais on prend ce droit là, on est mal vu, très très mal vu. 

Gaëlle: C’est ce que j’ai vu aussi. Après je pense que c’est là où c’est complexe parce que hormonalement, on vient d’en parler, on est déjà dans un bouleversement très violent. Si autour de nous les gens ne sont pas dans la bienveillance, c’est compliqué de ne pas se laisser faire.  Tu dis que j’ai une force de caractère, mais en attendant, elle a pris mon bébé et elle lui a mis le petit verre dans la bouche, donc elle l’a fait. J’aurai aimé cette personne qui est capable de stopper le truc, mais je ne l’ai pas été. Je suis admirative que ma fille l’ai fait, mais quelque part je remettais la responsabilité de stopper le truc, sur un bébé d’une journée, parce que moi je n’étais même pas en capacité de la protéger sur ça. 

Je te rejoins, on a beau est très préparée, avoir une force de caractère, il y a tellement de choses qui lâchent dans ce système. Je me souviens, on me disait “elle est sous protocole, on est obligé de la supplémenter”. Le problème quand on te balance des mots comme ça, qui ne veulent rien dire en l’occurrence. Ca voulait juste dire qu’elle était un tout petit peu plus grosse et qu’il fallait surveiller sa glycémie, c’est pas grave en soi. Mais dès qu’on te dit des choses comme ça, qui tu es toi pour penser que tu peux te faire confiance en fait. Il y a rien qui te dit ça. 

C’est vrai que ce bouleversement hormonal, l’institution s’en sert pour te casser.

Alexandra : j’ai l’impression qu’à ce moment là, on n’a pas forcément toutes les capacités normales. On réagit à la fois très vite. Je me rappelle qu’à la moindre petite phrase je pouvais rembarrer les gens. On n’a pas toujours la force nécessaire pour s’imposer. Et l’entourage n’étant pas informé sur l’allaitement et tout ça aussi, ils n’ont pas non plus les outils pour argumenter ou s’imposer ou pour aider la maman à affirmer ses choix. C’est compliqué à vivre. 

Gaëlle: c’est aussi ce que m’avait dit ma sage-femme en ça, elle m’avait bien préparée malgré tout. Elle avait détaillé toutes les étapes et elle disait ça c’est “sage-femme dépendant” si la personne a décidé que c’était comme ça pour vous, vous ne pourrez pas faire autrement.

Du coup, elle m’avait aussi déchargé de cette culpabilité que tout soit de la façon dont je voulais de bout en bout. Elle m’avait dit qu’il y aurait des trucs qui ne se passeraient pas comme je le voulais et que plutôt que de les ressasser, il allait falloir avancer.

Je trouve que c’est important d’avoir eu ce message là, parce que ça m’a déchargée d’avoir eu la perfection que j’attendais pour ma fille. Et de reconnaître, que j’ai fais ce que je pouvais et on fait tous ce qu’on peut. Il y a des environnements qui sont encore plus malveillants que ce que moi j’ai pu vivre. C’est vrai que l’environnement est particulier et que plus on sait de choses, plus on va avoir l’opportunité de pouvoir avoir le cerveau qui dit “non stop on arrête le délire, on ne le fait pas”. Mais c’est complexe. C’est vrai que ce système d’hospitalisation à domicile, qui est possible dans pas mal d’endroit, on le sait pas forcément, est très très intéressant. 

J’ai une sage femme très bienveillante qui est venue à la maison, qui m’a aidé pour la mise au sein, qui a été présente, dans mon environnement. 

 

Alexandra : C’est au bout de 48h ou c’est possible avant ? 

Gaëlle: je suis sortie, elle n’avait pas 48h. Elle avait fait juste 2 nuits, mais pas 2 journées. Je suis partie au matin de la 2ème nuit. 

Alexandra : je pense que c’est intéressant pour les mamans d’être chez elles, dans leur petit cocon, à l’aise. On est plus à l’aise qu’à l’hôpital. 

4) Les hormones de l’allaitement

Alexandra : J’avais noté une question d’une maman : Quelles sont les hormones de l’allaitement et font-elles grossir ? 

Gaëlle: Dans l’hormone de l’allaitement que je peux connaître, il y a la prolactine, l’hormone phare on va dire. Elle va permettre la création du lait. Est-ce qu’elle fait grossir ? Je n’ai pas la réponse à cette question, je suis même surprise, dans le sens où l’allaitement a plutôt pour réputation de permettre de retrouver un poids rapidement et c’est ce que moi j’ai vécu. J’ai pas l’information que la prolactine fasse grossir. Par contre, une sécrétion anormale de prolactine peut avoir un impact sur les androgènes, qui eux peuvent nous amener à avoir une résistance à l’insuline. Il y a peut-être quelque chose de cet ordre là à creuser, mais ça voudrait dire que c’est déséquilibré. Si tout est équilibré, il n’y a pas de raison de grossir, en lien avec l’allaitement. 

Alexandra : Il y a aussi l’ocytocine qui joue pour l’allaitement. 

Gaëlle : Elle ne fait pas grossir non plus. L’ocytocine c’est vraiment l’hormone du plaisir, du bonheur et aussi qui nous permet de nous endormir plus vite la nuit.  C’est pour cela que les mamans allaitantes vont avoir tendance à penser qu’elles ont un meilleur sommeil que des mamans qui donnent le biberon. Quand il y a beaucoup de réveil la nuit, on se rendort plus vite grâce à l’ocytocine.  

Alexandra : et plus profondément. (cf article de Claude Didier Jean Jouveau)  

En tout cas, les nuits ne me paraissent pas si difficiles, pourtant je suis une grosse dormeuse, j’ai une fille qui a bientôt 2 ans et demi qui se lève toujours la nuit.

Alexandra : Comment évoluent ces hormones pendant l’allaitement si on allaite plusieurs moi voire années ? 

Gaëlle : en fait, ça va être très lié à la fréquence d’allaitement. Les 6 premiers mois, on va être un peu au max surtout si on fait l’allaitement à la demande. Tout va dépendre de tous les combien de temps on va allaiter. Parce qu’à chaque fois, il y a des décharges qui se rajoutent les unes aux autres. Donc si on allaite dans l’esprit MAMA, c’est-à-dire : maximum toutes les 4 heures et à la demande. On va avoir une sécrétion constante des hormones qui sont liées à l’allaitement. 

Au moment de la diversification, ça va commencer petit à petit à diminuer parce que l’enfant va avoir moins besoin. Nous mêmes on va aussi espacer les tétées. 

Après ce qui est intéressant, on le voit avec le retour de couches, c’est tellement variable d’une personne à l’autre. Déjà, il y a très peu d’études sur le sujet et il n’y a pas de normes. Si on fait une analyse, les laboratoires ne vont pas être capables de nous sortir une norme, enfin si mais qui sont des normes génériques. Il n’y a pas de normes “à 6 mois de grossesse on devrait avoir tant de prolactine”, parce qu’en fait ça varie tellement d’une femme à l’autre. 

On le voit sur le retour de couches, certaines vont avoir un retour de couches rapide bien qu’il y ait l’allaitement régulier, et d’autres vont avoir un retour de couches très tardif. 

On en parlait encore hier en masterclasse dans un de mes programmes, il y a une femme qui a un enfant de 2 ans et toujours pas de retour de couches. J’ai allaité ma fille à la demande tardivement puisque j’ai pris un congé parental et donc à un an et un mois, j’ai eu mon retour de couches. Pourtant je l’allaitais encore pas mal. 

Alexandra : Je pense aussi que ça peut dépendre de la dyade, à la fois du bébé et de la maman. Chaque allaitement est différent.

Gaëlle : c’est un mix de quantité, de fréquence, de ce qui se passe entre les deux. Quelque part si le corps ne réactive pas le cycle menstruel, c’est qu’il considère que ce n’est pas le moment de faire un autre enfant. Il peut y avoir plein de portes d’entrée à cette raison pour considérer que ce n’est pas le moment. 

5) Tomber enceinte quand on allaite

Alexandra : Qu’est ce qui peut agir sur notre corps et lui faire dire que c’est le moment ou pas le moment de faire un enfant ? 

Gaëlle : 

  • Les hormones, la prolactine qui est un bloquant de l’ovulation. 
  • Ensuite, l’état général du corps, par exemple un état de fatigue ou de stress. Le stress est le premier perturbateur endocrinien. Sous stress, ça va être beaucoup plus compliqué de retrouver une ovulation. 
  • Il va y avoir l’état émotionnel, mais qui rejoint la question du stress. S’il y a une forme de tension, de détresse émotionnelle, il se peu aussi que ça revienne beaucoup plus tardivement ou pas. Tu parlais de dyade, c’est là où c’est vraiment intéressant, il y a ce qu’on vit au niveau psychologique et notre corps. Finalement notre corps peut être très résilient, bien que nous nous soyons en train de vivre quelque chose de terrible. Je me souviens d’une femme qui était avec moi en préparation à l’accouchement, qui avait eu après son premier enfant, une dépression post-partum d’une violence inouie. Malgré tout, 4 mois après, elle était enceinte. C’était juste terrible.On ne peut pas non plus, compter sur notre corps pour nous protéger à tout prix. 
  •  les carences. Il faut savoir que pendant la grossesse, le corps privilégie l’enfant. Il va faire la même chose pendant l’allaitement aussi. Ca peut générer des carences, et certaines sont des “bips” qui font que le corps fait “non là je n’y vais pas”. 

Alexandra : Ça pourrait être des carences en particulier ? 

Gaëlle : C’est tellement multiple, le nombre de choses qui sont “scannées” par le corps. Mais on va avoir des carences très claires qui elles, vont de toutes manières bloquer l’ovulation, comme les carences en iode. Ça fait partie des grands classiques qui vont générer des problématiques parce qu’on a du mal à ovuler à cause de ça. Parce qu’en fait la thyroïde va galérer et la thyroïde qui galère fait qu’on n’a pas les bons signaux pour réussir à faire croître nos follicules.

Alexandra : Parfois il y a des mamans allaitantes qui cherchent à retomber enceintes, du coup c’est intéressant de savoir que si on a des carences, cela peut jouer sur l’ovulation. Elles se demandent parfois quand elles vont avoir leur retour de couches etc. Est-ce qu’il y a quelque chose à faire ? 

Gaëlle : Je suis quand même dans un mix par rapport à ça, parce que je me dis que le corps est quand même d’une intelligence assez suprême et que c’est pas parce que notre mental veut quelque chose, qu’il faut pousser les choses. Je dis ça en ayant fait la PMA (procréation médicalement assistée), mais en m’étant rendue compte par la suite que clairement, mon corps n’était pas en état d’accueillir un enfant au moment où je faisais cette PMA

C’était un peu lui rajouter du problème sur le problème. Il faut avoir un peu cette conscience là. Nos cellules sont faites pour deux choses. 

Elles ont deux missions dans la vie : 

  • nous permettre de survivre
  • et se reproduire. 

Si la deuxième fonction, se reproduire est bloquée à un moment dans notre vie, ce n’est pas un hasard. Vouloir à tout prix forcer les choses parce qu’on voulait avoir deux enfants rapprochés ou autre, c’est peut être un peu oublier qu’il y a une intelligence physique. 

Donc, oui bien sûr on peut prendre des choses comme des compléments alimentaires, toujours vérifier que c’est compatible avec l’allaitement. Ne pas faire n’importe quoi. 

Si on suppose que l’on a mis un peu le holà sur tout ce qui était poisson ou fruits de mer pendant la grossesse, parce que j’avais peur de plein de choses… Ça vaut le coup de se dire qu’on remet un peu d’iode dans la machine. Ca peut aussi être des algues, tout simplement.

Je pense que c’est une bonne période pour se supplémenter. On a quand même cette chance, aujourd’hui, d’avoir des accès à des compléments alimentaires qui sont safe et qu’on connaît. On peut être accompagné par une naturopathe, un(e) herbaliste, des professions qui connaissent ces choses-là. 

Ça vaut le coup, sur tout ce qui peut avoir été en carence, d’essayer de remonter les choses, mais d’avoir aussi conscience que notre corps à son rythme. Notre mental voudrait tout contrôler puisqu’on nous a fait croire à l’illusion de la capacité à tout contrôler. 

Alexandra :  Au final, ça c’est important de le savoir quand on est maman : on ne peut pas tout contrôler, tout maîtriser. Je crois qu’il y a un deuil de la perfection à faire, aussi bien sur l’éducation des enfants, l’alimentation, sur ce qu’on pensait pouvoir faire avec un nouveau-né. J’avais une vision du congé maternité, pour moi c’était deux mois et demi de vacances. Je me disais ben c’est super, un bébé ça mange toutes les 3 heures. Entre les deux, ça dort, je vais pouvoir faire des travaux, ranger la maison. Ça ne s’est pas passé comme ça !!

Pour moi, il y a une reconnection à faire avec son corps qui est totalement différent après la grossesse, une connexion à créer ou poursuivre avec son bébé. Du coup, je trouve que c’est important d’écouter son corps. 

Gaëlle :  Ca c’est personnel, pour le coup la connexion avec le bébé. Parfois il n’y a pas eu pendant la grossesse, parfois c’est à créer. Il y a se rencontrer. Il y a tellement de choses qui influencent. 

Maman allaitante qui veut retomber enceinte, si le corps est en état, les cycles vont se remettre en place. On entend beaucoup de médecins qui disent “il faut absolument arrêter l’allaitement”, c’est désarmant. On me l’avait dit, si je voulais repasser en PMA, ils obligent à arrêter l’allaitement. 

6) Notre expérience de l’allaitement long

Alexandra : Parfois, je me dis si les médecins font des statistiques sur ce qu’on leur dit… elles sont fausses. Parce que sur tous les forums, groupes de réseaux sociaux etc, ce qu’on voit, c’est que les mamans disent “oui oui j’ai arrêté » et elles n’ont pas du tout arrêté l’allaitement. Elles retombent enceintes en PMA sans problème. Mais elles sont obligées de dire qu’elles ont arrêté pour pouvoir bénéficier de la PMA. 

Pareil, il y a des mamans qui ne précisent pas qu’elles allaitent, quand elles vont voir le pédiatre ou le généraliste. Soit elles ne s’entendent pas sur le sujet de l’allaitement, soit elles ne précisent pas tout parce qu’elles savent qu’elles ne vont pas forcément être bien reçues. 

Gaëlle : J’ai arrêté de le dire au 1 an de ma fille. Aucun intérêt. Après j’ai eu de la chance, ma fille n’a pas été particulièrement malade, donc on n’a pas vu beaucoup de médecin. Voilà. Mais à 3 ans, il n’y avait plus que la famille très très proche qui le savait. Parce que j’avais exprimé à ma fille, que c’était important pour moi que ça reste dans un cadre intime. A partir de là, on le faisait dans un cadre qui n’était pas public. Mais c’est très personnel, pour le coup, je ne considère pas que ce soit une loi, qu’on soit bien claires là dessus. Si vous voulez allaiter en public à 3 ans, je ne considère pas que ce soit un problème. 

Moi personnellement j’en avais ral-le-bol de sortir mon sein partout. 

Alexandra :  Passé un certain âge, ils réclament moins aussi. Ma fille va avoir 2 ans et demi, à l’extérieur, elle ne réclamera pas en fait. 

Gaëlle : J’ai des amis dont les enfants continuaient à réclamer notamment lorsqu’ils avaient un gros chagrin. C’était pas le cas de ma fille. Là c’est très personnel, et encore une fois tu as raison c’est le lien entre les deux. A un moment, on arrête de le “revendiquer” parce que c’est fatiguant.

Alexandra : Ça dépend, j’ai envie de continuer parce que pour moi, c’est peut-être un coté un peu militant de normaliser l’allaitement. Je me dis que si des mamans me voient faire, ça peut les inspirer, elles peuvent se dire “c’est normal”. Je le fais par habitude, c’est tellement normal dans ma vie en fait, donc ça reste normal même si je suis ailleurs.

Gaëlle :  Je suis d’accord avec toi, là c’est vraiment pour moi. 

Alexandra : J’essaie quand même de lui dire “on attend d’être à la maison” si ça ne m’arrange pas. Par contre, j’en parle ouvertement. 

Gaëlle :  Oui, moi c’est plus avec les médecins. Là j’ai lâché. Je ne m’en cachais pas non plus. Le truc c’est de dialoguer avec ses enfants sur ce qui est ok pour nous et ce qui ne l’est pas. Je sais que j’avais d’autres stratégies d’accueil des émotions qu’on avait réussi à mettre en place avec ma fille qui faisait que le sein n’était pas une réponse. Plus à partir de 1 an. On avait créé d’autres choses entre nous en fait qui m’allait bien comme ça. Mais c’est très personnel.    

L’idée c’est surtout pas de juger chaque personne qui fait les choses à sa façon. C’est plutôt de dire que tout est possible à ce niveau là, mais qu’il faut aussi qu’on se respecte. Je l’ai vu dans des copines qui étaient un peu chahutées, c’est finalement celles qui continuaient à faire des choses en public alors que ça ne leur convenait pas. C’est plus celles-là qui se faisaient chahuter que celles qui assumaient totalement. C’est aussi de se dire “tiens je suis qui moi là dedans et quand est-ce que ça me convient et quand est-ce que ça arrête de me convenir ?”

Par exemple, j’ai fait le sevrage de nuit de ma fille, quand elle avait 2 ans et c’était bien avant l’arrêt de l’allaitement. Je lui ai dit, parce que je m’énerve à venir t’allaiter chaque nuit à nouveau. A un moment stop, on arrête et puis je veux que ton père prenne le relais, j’en peux juste plus de me lever toutes les nuits. A un moment, on peut s’écouter soi dans ce qu’on a envie d’être. 

Parfois, on peut être aidé par les hormones pour le coup, quand le cycle revient. 

Il peut y avoir des moments où ça vient nous chatouiller d’être cette mère allaitante disponible. C’est aussi ce qui peut nous permettre de venir remettre les compteurs au niveau où ça nous convient. 

7) Le retour des cycles menstruels a t-il un impact sur l’allaitement ?

Alexandra : Je reviens sur le cycle et l’allaitement, comment expliquer qu’il y ait autant de variations avant que les cycles menstruels reprennent ? 

Certaines mamans ont le retour de couches vers 3 mois, d’autres 2 ans après. 

Gaëlle :  Le premier différentiel est très très souvent l’allaitement. Les cycles reviennent à priori plus vite quand on n’allaite pas que quand on allaite. Puis, il y a cette notion de résilience du corps et là il faut reconnaitre qu’on est un animal quelque part et que notre corps à cette forme d’intelligence que nous on ne perçoit pas, qui va expliquer cette variabilité énorme. Il y a quelque chose à accueillir de ça, je pense. 

Alexandra : D’accord. Est-ce que nos cycles affectent l’allaitement ou pas ? 

Gaëlle : Oh oui ! C’est super intéressant de le regarder. Tant qu’on ne le regarde pas, on peut se retrouver dans la situation de le subir de façon cyclique, un épisode vraiment inconfortable. Je conseille de noter, dès lors que les cycles reviennent, dans un petit carnet, les moments compliqués, de tensions avec l’enfant autour de l’allaitement ou ailleurs. D’ailleurs ça, c’est vraiment l’impact du cycle en général. Noter, les moments quand ils sont plus grands, l’enfant qui nous dit “ah ben c’est pas bon”. A priori le goût du lait change. 

Ce qu’il se passe aussi, c’est que la qualité de notre peau et la finesse de notre ressenti évolue au cours du cycle. Ça on le vit dans notre vie de tous les jours, même sans être allaitante.

Alexandra :  Je n’ai pas pensé que la peau du mamelon pouvait être plus sensible.  

Gaëlle :  Alors que tout se passait très bien, on peut se retrouver à avoir des crevasses qui se reforment, ou une tension, quelque chose d’inconfortable. Ou alors si on a un syndrome prémenstruel qui nous fait gonfler les seins, dans la vie de tous les jours, on dirait au chéri (ou la chérie) “ne me touche pas” et là, on a un petit bébé qui dépend de nous et qu’on a envie de continuer à allaiter. Donc on fait quoi ? 

 Il y a un vrai impact du retour du cycle et c’est très personnel, ça dépend de chacune, mais ça vaut le coup de le noter. 

Ça vaut le coup de réaliser que quand on est en période prémenstruelle il peut nous  arriver de vouloir arrêter l’allaitement.

Alexandra : Comme on a envie de virer le chéri tous les mois, ben là on a envie de virer bébé tous les mois. 

Gaëlle :  Il y a un peu de ça. C’est vraiment intéressant de se poser la question, de se laisser quelques jours de réflexion. De toutes manières quand on va vers un sevrage, c’est intéressant de prendre ce temps, mais encore plus quand on a conscience que notre cycle impacte sur nous. Parce que j’ai aussi eu des témoignages de femmes qui ont regretté. 

Alexandra : Qui ont sevré puis regretté après ? 

Gaëlle : Si on est à un ou 2 ans d’allaitement, il n’y a aucun problème, 2 semaines après on relance la machine, sauf si l’enfant ne veut plus téter. Dès qu’on est passé en lactation autocrine, globalement ça marche bien, même avec une semaine d’arrêt. Parfois l’enfant ne veut plus, quel est le bénéfice que l’enfant a avoir autre chose que le sein  ? Ça peut être le lait au chocolat qu’on a donné parce qu’on culpabilisait beaucoup. 

Parfois on a rajouté un truc un peu sucré. Donc avoir conscience d’être en période prémenstruelle, que ça vient nous chercher, mais je me laisse quelques jours ou je ralentis un peu les choses, je remplace un peu, mais sans être dans la négo ferme et définitive. 

Je pense que c’est vraiment intéressant de s’observer et connaître une matière comme Kiffe ton cycle et connaître son cycle en général. Connaître quels sont les impacts de mon cycle sur moi, peut nous amener à avoir une vision plus claire de ce qu’il se passe pendant notre allaitement.

La progestérone va rendre un peu plus compliqué pour l’enfant le fait d’avoir le lait en tirant au niveau du sein. Une fois qu’on comprend ce qu’il se passe, finalement ça se passe bien, on peut même expliquer à l’enfant ou au nourrisson, pour qu’il y ait une interaction positive dans ce sens là. Tant que c’est inconscient, on a un peu l’impression de subir, de ne pas comprendre, d’être acculée et c’est plus complexe.  

Alexandra : En fait, on peut penser qu’on a une baisse de lactation aussi, alors que le lait met plus de temps à venir pendant cette période avant les règles. 

Il faut se rappeler, comme beaucoup de choses, c’est temporaire. Déjà avec les enfants, il y a plein de phases, certaines compliquées mais temporaires. Pour nous, tout ce qui est lié au cycle, on passe d’une phase à l’autre aussi. 

Personnellement, j’ai ressenti des changements à la fois au moment de l’ovulation et au moment des règles. Par un moment, c’était presque tous les 15 jours, je me disais “non mais je vais quand même pas arrêter l’allaitement”. C’était pas évident. Après ça s’est passé, parce que j’ai fais le lien, j’ai compris que j’étais dans cette phase là et j’ai pris mon mal en patience. 

Le fait de savoir, ça calme les choses. 

Gaëlle : Une fois qu’on peut nourrir un peu notre mental avec des explications, ça apaise le petit vélo qui tourne dans notre tête. 

8) Le baby-blues et la dépression post-partum

Alexandra : Une autre question d’une maman : la petite déprime post-partum a t-elle une influence sur la lactation ? 

Gaëlle : C’est compliqué de répondre parce que c’est tellement multifactoriel. Je suis en peine de répondre à cette question parce que pour moi tout est imbriqué. Si je réponds “oui”, je vais culpabiliser d’avoir une déprime, alors qu’en vrai j’y suis pour rien. Je pense qu’en réalité tout est imbriqué : notre état émotionnel clairement a un impact sur la lactation. On ne va pas se dire le contraire. Mais en même temps la lactation a un impact sur notre état émotionnel. 

Alexandra : C’est un cercle vicieux ^^.

Gaëlle : Vicieux ou vertueux. Par exemple, en post partum la lactation qui nous aide à sécréter de l’ocytocine peut être aussi aidante. C’est compliqué de dire “c’est bien, c’est pas bien”, il y a toujours un point de bascule où ça devient plus problématique d’avoir ça que autre chose. 

Oui, la lactation va m’aider à sécréter de l’ocytocine qui va être apaisante sur ce syndrome post-partum. 

Sauf que, si allaiter mon enfant me génère du stress parce que je ne suis pas bien avec ça, parce qu’on m’a convaincue que c’est nécessaire et que ça vient avec tout un tas d’obligations. Et ces obligations font que je ne peux pas dire “non” au fait d’allaiter. Ça va renforcer la dépression post-partum. C’est important de revenir à soi, soyons clair, il y a aussi cette possibilité de donner du lait maternisé à notre enfant. On fera beaucoup plus de bien à notre enfant à reconnaître que c’est pas pour soi, même si toute la grossesse on était persuadé qu’il fallait absolument allaiter. Je me retrouve dans la situation où je ne peux pas, pour plein de raisons. Notre enfant ira beaucoup mieux si on a accepté ce truc-là, plutôt que si on lutte contre nous même. 

Dans cette dépression post-partum, il y a quelque chose à prendre en charge : 
  • déjà c’est de ne pas rester seule. 
  • Et il faut se poser vraiment les questions : Qu’est ce qui est ok pour moi ? et qu’est ce qui est de l’ordre de “on m’a dit que pour être une bonne mère…” ? Ces choses vont venir impacter notre état et aussi notre lactation. Qu’est ce que je peux faire ? Qu’est ce que je veux faire ? 

(Note : c’est surtout le manque de soutien aux jeunes mamans et la perte de la culture d’allaitement qui fait qu’on entend “un bon biberon vaut mieux que l’allaitement”, on s’adapte toutes comme on peut.)

Alexandra : Parfois, il faut se dire aussi que les choses ne sont pas définitives aussi. Avec ma fille ainée, j’avais un séminaire qui était prévu depuis longtemps. J’y allais, c’était comme ça. Je me suis dis ok, ben je vais tirer le lait que je peux pendant ce weekend là et si elle a un ou deux biberons, ben c’est ok pour moi. Je préférai faire comme ça, car je ne voulais surtout pas louper ce séminaire là qui durait 2 jours. Je me suis dis c’est temporaire, s’il y a une confusion sein-tétine, je sais comment la rattraper puisque je l’avais vécu juste avant. 

Parfois de se dire “j’abandonne pas l’allaitement, mais je trouve une solution temporaire qui me convient”. A cet instant là ça me convenait, pour ma cadette, c’était hors de question, elle n’a jamais eu de biberon. J’ai fait les choses autrement. Ce qui peut être valable pour un enfant, on va peut-être le faire différemment avec un autre. Je l’ai vu aussi beaucoup chez d’autres mamans où les durées d’allaitement sont variables d’un enfant à l’autre, parce qu’on n’a pas le même état émotionnel, pas les mêmes ressources. Finalement, on fait du mieux qu’on peut à l’instant T. 

Gaëlle : C’est évident, mais ce qui est véhiculé par notamment les médecins sur le post partum “ah ben c’est pour cela que vous n’avez plus de lait”. Tout ça c’est une grosse croyance. 

C’est pas une dépression du post partum qui arrête la lactation, c’est un global. Déjà on n’ est pas coupable de cette dépression. 

C’est un mix parent-enfant, conscient-inconscient, ce qui se passe dans ma tête, ce que je voudrais mais que je ne voudrais pas vraiment.

Je l’ai vécu avec le 2ème enfant : l’envie mentale d’avoir un deuxième enfant et tout en mois criait émotionnellement “non no way, on n’y retourne pas”. Parfois, c’est complexe de faire la part de tout ça. C’est plutôt accueillir ce qui se passe et se faire accompagner de personnes qui maîtrisent leur sujet si on a besoin de ça.

pilule et allaitement

9) La contraception, la vie de couple et l’allaitement

La contraception hormonale (pilule) a t-elle un impact sur la lactation ?

Alexandra : J’ai une question d’une maman qui parlait de la reprise des contraceptifs hormonaux (pilule) : Ont-elles un effet sur la lactation et sur bébé ? 

Gaëlle : Oui, à priori. En fait, on a juste des réponses empiriques. Il y a des personnes qui nous rapportent que lorsqu’elles ont repris la pilule, il y a eu plus de tensions au niveau de la lactation, plus de difficultés avec le bébé ou le bébé qui s’est arrêté tout net de téter. Ça s’est  des choses qui sont rapporté. 

Mais c’est pas le cas pour d’autres femmes qui nous disent “ben moi c’est passé comme une lettre à la poste et ça n’a rien changé”. 

On est quand même dans une zone :

  • 1)  il y a très peu d’études, ça je le regrette, clairement, c’est très complexe d’avoir des retour là dessus. 
  • 2) il y a une variabilité très très forte, on ne peut pas prédire les choses. 

Maintenant c’est exactement de la même façon que ce que je disais tout à l’heure. Si à un moment l’idée d’avoir un deuxième, troisième ou énième enfant très rapproché, nous stresse de façon importante. Si on veut être complètement libre par rapport à ça, l’avantage de renouer avec une contraception hormonale c’est la simplicité, la facilité, l’efficacité. C’est toujours une balance bénéfices/risques.

Alexandra : C’est vrai que si la maman est stressée quand elle ne l’a pas, mais qu’elle est moins stressée une fois qu’elle l’a. Finalement, ça peut être ce stress là qui jouait sur la lactation et pas l’hormone. 

La contraception naturelle (symptothermie).

 

Gaëlle : Je pense que c’est pour cela qu’il faut qu’on revienne à soi et de se dire qu’est ce qui va me faire du bien à ce moment là. Moi avec mes cycles très complexes, par exemple, la symptothermie en allaitement long avec un syndrome des ovaires polykystiques…. Comment te dire ?? Le truc le plus flippant du monde, pour être honnête !

Alexandra : Comment tu as fait alors ? 

Gaëlle : Pour le coup, j’ai fais de la merde, j’ai pas de soucis aujourd’hui à en parler. J’ai beaucoup, beaucoup repoussé mon conjoint. Par peur. C’est pour cela que je dis que j’ai fais de la merde, si c’était à refaire, je ne ferai pas pareil, je prendrais des vraies décisions. Je réfléchirai vraiment à ce que je peux mettre en place. Je me suis beaucoup éloignée, j’étais en insécurité. J’ai fais vraiment des trucs qui ne sont pas cool pour notre couple et qui nous ont mis beaucoup à mal la première année et qui se sont bien amélioré à partir du moment où le cycle est revenu. 

Alexandra : J’ai fait le contraire, je n’ai pas repoussé mon chéri et on a eu un deuxième bébé ! Après, je ne pratiquais pas la symptothermie, c’était une observation du cycle, mais beaucoup trop floue pour être précise. Un petit retard d’ovulation et un bébé est arrivé. 

Gaëlle : En plus, dans la période où on allaite, les retards d’ovulation sont fréquents. C’est le moment où il faut prendre contact avec une monitrice de symptothermie pour que les cyclogrammes soient étudiés ensemble. 

Alexandra : Du coup, j’ai bien compris l’utilité de suivre réellement ou de se faire accompagner pour la symptothermie

 

Gaëlle : La symptothermie sauvage, c’est très très bien quand il n’y a pas d’enjeu de contraception. Si on a un doublon : un stérilet au cuivre, préservatif ou si on est en couple homosexuel ou si comme moi on a une ligature des trompes. 

S’il y a un enjeux de contraception, il faut se faire accompagner et bien, en plus elles sont top les monitrices de fertilité qu’on a un peu partout sur le territoire. C’est vraiment des alliées de poids. 

Alexandra : Ça dépend vraiment des enjeux qu’on a et de la contraception qu’on souhaite. 

Notre état émotionnel joue sur notre relation de couple en post-partum

Gaëlle : Mais ne faites juste pas la même chose que moi, pour le coup j’ai vraiment failli perdre ma famille là-dedans. Je le pose ici, vous en faites ce que vous voulez. Si c’était à refaire, je ferai pas pareil. 

Alexandra : En post-partum, c’est important de rester connecté à son conjoint parce que le chamboulement de l’arrivée du bébé, il le vit aussi à sa manière. On est parfois fusionnelle avec notre enfant qu’on allaite et pour eux ce n’est pas toujours évident à vivre. Ils ne le disent pas, car beaucoup d’hommes ont tendance à garder ça pour eux. Ils ne disent pas forcément qu’ils se sentent à part. La communication dans le couple, on peut découvrir ça aussi après la maternité ! C’est un sujet que j’aime bien aussi !

Gaëlle :  Il faut trouver le juste équilibre parce que la fusion maman-enfant, elle n’est pas anormale au regard de la nature. Il faut trouver un juste équilibre qui nous convienne  à nous et pas des “on m’a dit qu’il faut”. Quand je dis que j’ai fais des choses pas ok, c’est que je n’étais pas d’accord avec moi-même, c’est ça qui a créé la tension. C’est pas tant le fait que je l’ai rejeté etc. Une partie de moi voulait un deuxième enfant, parce que je savais que lui en voulait un, une autre partie de moi ne voulait pas. C’est le fait que ces deux parties ne communiquent pas entre elles qui m’a fait crée vraiment des choses très en tension avec mon entourage. 

Dans ces moments-là, je pense que c’est intéressant de se faire accompagner pour comprendre quels sont les enjeux et ce qui se passe. 

10) Comment la grossesse influe sur l’allaitement ?

Alexandra : Quand on est enceinte et qu’on allaite, on se retrouve encore dans un autre état hormonal ? 

Gaëlle : C’est super intéressant quand on allaite enceinte. Surtout quand on allaite un bambin, il peut nous parler. Il parle du fait que ça change le goût du lait. Souvent il y a un stade de la grossesse où même les bambins arrêtent de téter et parfois se remettent à téter après la naissance. A un moment le lait ne devient désagréable pour eux, car c’est quasi du colostrum (un lait très particulier qui est destiné aux tout petits). 

Tout ça crée un cocktail un peu particulier. 

On peut aussi avoir des sensations, l’afflux massif de progestérone au début de la grossesse peut faire qu’on ne supporte plus l’allaitement. Ca c’est une possibilité, donc pareil ne pas s’en culpabiliser. 

Alexandra : Ah oui, c’est horrible ! ^^

Gaëlle : Tout ça c’est la nature qui met en place des stratagèmes, pour que les choses se passent au mieux pour nous. Ce n’est pas notre corps qui joue dans notre camp, pas dans notre camp. Puis c’est la vie ! L’allaitement peut s’arrêter pour plein de raisons : si c’est parce qu’il y a une deuxième grossesse qui se prépare, si c’est parce que l’enfant trouve que le lait n’est plus agréable, si c’est parce que nous on ne supporte plus que l’enfant tète. Ok j’accueille juste ce qu’il se passe pour moi, les émotions que ça peut me faire. 

Parce que oui, la fin d’un allaitement – même pour moi qui l’avait vraiment souhaité, préparé, il n’y avait aucune échéance particulière, si ce n’est le fait que moi je voulais revenir à moi. J’ai quand même vécu un deuil de l’allaitement. Je me souviens que les premières fois où ma fille a pleuré et que je savais que je n’avais pas ça pour la rendormir (notamment l’allaitement de nuit), il y avait un truc en moi qui se cassait. Je me disais mais pourquoi je fais ça ? J’ai tout ce qu’il faut pour lui donner. Je me souviens de ces trucs-là. 

La première fois que ma fille a été malade après le sevrage. Je sais que mon lait l’aidait, je n’avais plus rien. A l’intérieur de moi, il y a eu une culpabilité, un tsunami : mais pourquoi tu n’as pas été au sevrage naturel, pourquoi tu as pris cette décision ? In fine, je l’ai prise parce que c’était la bonne décision pour moi. 

Alexandra : En tant que maman, on se sent souvent trop égoïste quand on fait un choix où on se dit que c’est pour nous. On est tellement habituée, je crois à faire plein de choses pour les autres (#éducationgenréemerci), que quand on fait quelque chose pour nous, c’est parfois dur à vivre. 

 

11) Entre culpabilité et principes à transmettre à nos enfants : nous sommes leur modèle

Gaëlle : Ce qui est intéressant, c’est que j’ai envie de mettre la casquette “approche neuro-cognitive comportemental” quand tu me dis ça. Moi aussi je suis comme toi. Ce que je me suis dis à moi-même : c’est si moi je suis bien, la famille ira mieux. Et deuxième chose, c’est quelque chose qui moi me porte énormément quand j’ai cette culpabilité : c’est de me dire “qu’est ce que je veux que ma fille fasse plus tard ? “ Est-ce que je veux qu’elle se respecte ou est-ce que je veux qu’elle ait de l’abnégation et qu’elle se mette au service des autres ? 

Je suis en train de lui montrer, ce que je lui propose d’être au monde en tant qu’adulte. C’est la proposition que je lui fais. Si ma proposition c’est je fais preuve d’une abnégation totale et je ne m’épanouie pas là dedans… quelque part c’est aussi le modèle que je suis en train de lui montrer. 

Je le vois encore aujourd’hui, ma fille est grande maintenant, elle a va avoir 8 ans. Mais quand je pars pour travailler plusieurs jours, elle pleure à chaque fois. 

Bien sûr que quelque chose se serre à l’intérieur de moi, mais je lui répond qu’avoir une vie professionnelle épanouie, c’est aussi très important pour moi. C’est dans cet équilibre que je suis bien dans la famille aussi. En lui disant ça, c’est aussi parce qu’il y a une partie de moi qui a envie de lui transmettre ça. 

Alexandra : Tu as dis 2 choses que je cherche à transmettre aussi : qu’on est un modèle pour nos enfants, ils apprennent par imitation. Je retranscris ça avec des plus petits, par exemple on fait du portage avec mon mari. On a porté en porte-bébé ou en écharpe nos filles.  L’ainée, elle met en porte-bébé ses poupées. Les enfants apprennent surtout par ce qu’on fait peu parce qu’on dit. On s’en rend compte qu’une fois qu’on a des enfants en fait. 

Et la deuxième chose que tu dis et qui me parle beaucoup, c’est le fait de pouvoir reprendre le travail sans culpabiliser. Pour beaucoup de mamans, la reprise du travail est une étape assez difficile, que le bébé ait 3 mois, 6 ou 12. Il y a toujours une part de nous qui se demande si c’est mieux de rester à la maison ou d’aller travailler. Ce qui est important c’est de savoir ce qui est le mieux pour nous et parfois de passer par des phases temporaires, comme moi j’ai pu faire, j’ai repris à mi-temps et c’était génial. Je n’avais pas besoin de culpabiliser puisque je faisais les deux. Si on a l’occasion et que c’est une solution qui nous convient, c’est une bonne alternative. 

Gaëlle : Pour moi c’était pas possible, à l’époque je travaillais dans la banque sur des postes à responsabilité qui faisait que c’était pas possible à mi-temps. C’est ça qui est intéressant, c’est de tout mettre dans la balance. 

Ce qui est intéressant, quand on est formé à une approche neuro-cognitive comportementale, c’est de comprendre que tous les actes qu’on va opposer vont avoir des conséquences,  mais le même acte pour 2 enfants différents peut avoir des conséquences radicalement opposées.

Je vais te prendre 2 exemples extrèmes. il y a des enfants qui ont vécu dans une misère sociale avec un environnement terrible, violent etc qui vont devenir des gens qui vont être dans la meme lignée. Certains au contraire, vont transcender ça et on a des exemples dans des personnes très célèbres qui ont vécu des choses de cet ordre là. Certains vont se nourrir du fait que c’est comme ça, ils ont toujours été comme ça et c’est ça leur vie  et d’autres vont au contraire se nourrir de ça pour dire je n’accepte pas et je vais à l’opposé. Ça marche pour toutes les décisions qu’on prend. On n’est pas comptable de ce qui’il va se passer dans le futur, puisqu’on ne peut pas le prédire. 

J’en discutais avec ma maman il n’y a pas très longtemps. Des moments où elle a pris des décisions qui l’ont fait énormément culpabiliser par rapport à mon éducation. J’étais assez dure étant ado.  

Il y a des moments où ma mère a dû vraiment sévir fort et qui aujourd’hui, l’amène encore à avoir une forme de culpabilité. Moi, je lui ai dis, ce moment là il a été fondateur pour moi, pour que j’arrête mes conneries. 

Alexandra : Ca se voit beaucoup aussi dans l’éducation qu’on veut reproduire ou pas. L’éducation qu’on a reçu nous, soit on ne veut pas la reproduire, soit au contraire certaines choses, on se dit que c’était très bien et on veut faire pareil avec nos enfants (telle tradition, telle principe). Pareil, on s’en rend compte qu’une fois qu’on commence à réfléchir à l’éducation des enfants, qu’ils ont déjà 1 an… Finalement la maternité permet de faire un gros travail sur soi. 

Gaëlle : Si on accepte de le faire.

Alexandra : Ca remet tellement de chose en question, de principes qui soit viennent s’imposer à nous, soit qu’on doit revoir. Ça chamboule tout. 

Gaëlle : Le résumé, ce serait on fait de notre mieux, mais est-ce que moi je suis bien là dedans. Cette question m’a vraiment aidé : est ce que je voudrais que ma fille fasse la même chose plus tard ?
Je trouve que c’est aidant. 

Alexandra : Ce sera notre mot de la fin. Je suis ravie qu’on ait pu faire cet interview. 

Vous pouvez retrouver Gaëlle sur son site : Kiffe Ton Cycle.

Gaëlle : on propose aussi des programmes : 

Kiffe Tes Premières Règles * un programme pour les jeunes filles à partir de 10 ans, pour leur permettre de comprendre ce qu’il se passe au niveau de leur cycle. 

– le programme Kiffe Ton Cycle * qui permet de se comprendre dans son cycle, on en parlait un peu tout à l’heure, ça peut être le moment quand on se rend compte que ça vient nous chercher, de comprendre juste ce qu’il se passe dans notre cycle. 

Après il y a des programmes pour régler des problèmes : Kiffe ton Syndrome Prémenstruel * (si le SPM est très fort), en partenariat avec une naturopathe. C’est pas normal de vivre un syndrome prémenstruel dysfonctionnel, déséquilibré. 

On a sorti aussi Kiffe Ta Pré-Ménopause * qui va permettre d’accompagner cette période là de notre vie, qui peut démarrer aux alentours de 35-40 ans.

Dix ans avant la ménopause, donc pour certaines ça peut commencer très tôt. La préménopause ne veut pas dire qu’on ne peut plus avoir d’enfant, mais peut-être une sécrétion de progestérone moins efficace après l’ovulation. Donc dans le programme on voit comment faire pour soutenir cette sécrétion de progestérone pour favoriser si on le souhaite, d’avoir un enfant. De toutes manières c’est très bon pour le corps de soutenir la sécrétion de progestérone. Si en plus on souhaite concevoir un bébé, ça vaut le coup d’avoir conscience d’être dans cette fenêtre de 10 ans avant la ménopause, du coup le corps va peut être avoir besoin d’être un peu soutenu pour mener à bien ce projet. 

Il y a aucune raison pour que ça ne se réalise pas, il faut parfois être soutenu. 

 

Merci à Gaëlle et merci d’avoir lu jusqu’au bout. Partagez vos impressions en commentaires !

A bientôt.

*Liens affiliés.

Mes 8 erreurs de jeune maman

Mes 8 erreurs de jeune maman

La moitié de mes erreurs ont un lien direct avec l’allaitement maternel (qui était devenu catastrophique au bout de 2 mois et demi), mais dans tous les cas, elles ont toutes eues un impact sur mon allaitement. Soit en me provocant du stress, un manque de confiance en moi ou en me mettant dans une situation inconfortable. Voici une partie de mon histoire…

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Mettez toutes les chances de votre coté, pour réussir votre allaitement et passer chaque étape ou difficulté sereinement.

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