Ai-je assez de lait maternel pour nourrir mon bébé ??
Quelle maman allaitante ne s’est pas posée la question, au moins une fois (non en fait 10 fois) de savoir si elle avait une baisse de lactation ou non ??
Surtout avec un bébé de quelques jours ou semaines. Après avoir passé une journée compliquée où vous étiez seule à changer des couches et à donner la tétée, vous avez enfin réussi à prendre une douche à 13h10. Alors que bébé venait de s’endormir pour une petite sieste, tout en vous demandant si vous auriez le temps de manger un repas chaud avant son réveil. Sans compter que le tas de linge attend d’être lavé, mais que vous êtes déjà crevée (#nuitspourries ??)…
Vous vous retrouvez le soir, avec un bébé qui réclame une tétée (la énième de la journée), mais qui pleure et s’agite et s’énerve une fois au sein. Là, le doute s’installe. Comment savoir s’il a assez de lait ? Est-ce qu’il a encore faim ? Est-il fatigué ? Qu’est ce qui le gêne ?
Et même si c’est un soulagement de voir le papa rentrer de sa journée de travail (au moins un soutien pour vous et un adulte à qui parler enfin !), il est aussi désemparé que vous. Lui non plus, n’a pas la réponse à ces questions.
1. La première étape à suivre
a) Un chiffre alarmant.
Avant de vous parler de cette première étape, je voulais vous donner un chiffre.
Selon une étude menée en 1995 (ouais c’est un peu vieux, mais je n’ai pas trouvé plus récent ^^), 38% des mères arrêtent l’allaitement avant 9 semaines pensant ne plus avoir assez de lait.
Le comportement “normal” en tout cas physiologique d’un bébé allaité est encore méconnu, surtout si nos parents et grands-parents ont donné le biberon. On est habitué aux bébés qui mangent “toutes les 3 heures”. Alors, dès que l’on a un bébé qui pleure, s’agite et tète souvent, le stress et l’angoisse envahissent la maman (et le papa).
De plus, dans notre société, on s’attend à ce qu’un bébé dorme seul dans sa chambre après ses 3 mois, sans connaître réellement son rythme biologique et le fonctionnement de l’allaitement maternel. Mais en fait, il y a un monde entre le bébé qu’on s’est imaginé avoir et les nuits de sommeil possibles en répondant aux besoins de notre bébé (oui, un bébé tète aussi la nuit).
On saupoudre tout cela d’un manque de confiance en soi (surtout pour un premier bébé, on se pose 1000 questions et l’entourage nous donne des conseils non sollicités) et on obtient une maman qui pense ne pas avoir une baisse de lactation.
b) pourquoi je vous parle de cela ?
C’est la première cause de l’arrêt de l’allaitement, mais elle est purement involontaire et souvent due à une méconnaissance.
La plupart des mamans pensent que “c’est comme ça” alors que certains facteurs ont joué sur leur lactation. C’est simplement qu’elles ne connaissent pas le fonctionnement de la lactation. Elles risquent de donner des biberons et d’ abandonner l’allaitement.
Voire même, dès le départ, certaines mères pensent qu’elles ne peuvent pas allaiter. Soit parce qu’elles ont eu une opération de la poitrine, soit à cause de la taille de leurs seins. Alors que l’incapacité physique de ne pas pouvoir allaiter est un cas très rare (certains cas d’hypoplasie mammaire : la poitrine qui ne s’est pas développée).
Avoir des petits seins n’empêche pas d’avoir des seins qui fonctionnent.
Même en ayant eu une augmentation ou une réduction mammaire, on va produire du lait. Dans le cas d’une opération, on pourra allaiter si les canaux galactophores (ceux qui transportent le lait) n’ont pas été coupés. Il suffit de le demander à son chirurgien. Je connais plusieurs mamans opérées qui ont pu allaiter.
Je vais arrêter le cours de biologie pour l’instant.
c) La première chose à faire quand on a une baisse de lactation
Venons-en au concret : la première étape donc est de vérifier s’il y a du lait maternel.
La plupart du temps les mamans “pensent” ne pas avoir assez de lait, soit parce que leur bébé réclament souvent à téter, soit parce qu’elles ont les seins “mous”. La prise du poids de bébé peut aussi être une source d’inquiétude et nous amener à penser que la maman n’a pas assez de lait.
L’important c’est de se poser 3 questions :
- Est-ce qu’il y a du lait ?
- Est-ce que le lait sort ?
- Est-ce que bébé boit bien le lait ?
En répondant à ces 3 questions, nous pourrons identifier d’où vient le problème.
On peut vérifier à la source, au moment où le bébé s’énerve au sein, on peut presser le sein, pour voir si une goutte de lait en sort.
On peut éventuellement tirer son lait, mais il faut savoir que ce n’est pas représentatif de la quantité que l’on peut produire avec bébé “en direct”.
Par ailleurs, si c’est la première fois qu’on l’utilise, c’est tout à fait normal de ne tirer que quelques gouttes, car on aura pas encore optimisé les tirages, apprivoisé le matériel (notamment les réglages) et notre corps ne sera pas habitué.
Un bon indicateur, c’est la courbe de poids du bébé allaité. S’il prend suffisamment et remplit ses couches régulièrement, tout va bien. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Par contre, s’il y a une perte de poids chez un bébé de plus de 10 jours, une cassure de la courbe ou pas de reprise du poids de naissance après 2 semaines, il faut consulter rapidement.
Sur le tableau ci-dessus vous avez quelques indications pour les premiers jours avec bébé.
d) A ne pas faire…
Vous pouvez tenter de vérifier seule la présence de lait, mais le comportement de votre bébé peut indiquer des causes particulières qui ne peuvent être détectées que par un spécialiste de l’allaitement (prise du sein incorrecte par exemple, problème de succion, bébé n’obtient pas le lait, même si la production est présente).
Une autre erreur est de penser que l’allaitement est terminé, s’il s’agit d’une baisse de lactation c’est tout à fait rattrapable ! Je vous en dis plus, dans les paragraphes suivants et dans la Check-list que vous pouvez télécharger ici).
2. Quelle est la cause de votre baisse de lactation ?
En fonction des “symptômes” observés, on pourra trouver la cause de la baisse de lactation et ainsi donner des conseils appropriés en fonction de la situation.
a) Est-ce juste une impression ou y a t-il une raison à cette baisse de lactation ?
Cela peut venir par exemple de :
🔹 Un problème de succion, c’est à dire que bébé ne tète pas correctement (ce qui peut être aggravé avec la tétine, le don de biberon)
🔹 Un manque de stimulation : suite à une séparation ou votre bébé peut avoir une rage de dents, être malade, diminuer le nombre de tétées.
🔹 Bébé peut se mettre en “économie d’énergie” ou bien il s’endort au sein. Ce qui revient à un manque de stimulation. En maternité, les sages-femmes s’inquiètent souvent des bébés qui dorment “trop” et vont conseiller de les réveiller. Tout simplement parce qu’un bébé qui ne tète pas assez et dort beaucoup, n’aura pas assez de force pour téter et risque de continuer à dormir. S’il passe en “économie d’énergie”, il peut “s’éteindre” tout doucement. Bien sûr, il ne faudrait pas s’inquiéter à chaque sieste un peu longue. Un bébé qui prend du poids, remplit ses couches normalement et fait de bonnes siestes, à priori, est en bonne santé.
🔹 On peut également avoir au contraire, un bébé tout le temps au sein. Soit il n’arrive pas à obtenir assez de lait, soit cela peut s’expliquer par un pic de croissance ou un besoin d’être rassuré. Il faut aussi penser que lorsque le bébé naît, il a un petit estomac, il boit donc quelques gorgées et a vite l’estomac plein. Il va téter à nouveau, très rapidement.
(cf tableau ci-dessus)
Il ne faut pas oublier que bébé peut avoir plein de raison de téter : la faim, la soif, il a froid, il a chaud, etc…
b) Pourquoi déternminer la cause de la baisse de lactation ?
C’est important de déterminer la cause de la baisse de lactation, car ainsi on peut supprimer le problème et ensuite rétablir la lactation.
Si on se focalise uniquement sur une impression de “manque de lait” et qu’on ne prend pas en compte tous les éléments concernant maman et bébé, on peut passer à coté du “vrai” problème et avoir une nouvelle baisse de lactation ensuite.
c) Que faut-il faire ?
Comme vous vous en doutez, déterminer la cause de cette baisse de lactation ou non, n’est pas évidente à moins d’avoir pas mal de connaissances sur le sujet. Il faudra donc consulter une personne qui s’y connaît et qui pourra vous dire d’où vient le problème en observant une tétée et en vous posant des questions sur vos habitudes et le comportement de bébé.
En fonction de l’alimentation, du moment des pleurs, des compléments donnés, de la tétine etc, on peut déterminer s’il y a une pathologie chez le bébé, la mère ou tout autre chose qui aurait perturbé l’allaitement.
d) Les conseils de Tata Gisèle.
L’erreur à ne pas faire à ce stade, c’est de demander conseil à un médecin, une sage femme, un pédiatre… non formés à l’allaitement ou à tata Gisèle. Car malheureusement la réponse la plus souvent apportée aux problèmes d’allaitement, c’est “donner un biberon après la tétée pour voir s’il a encore faim” ou encore “tu t’embêtes pour rien, il y a des biberons et du lait artificiel maintenant”, avec une petite réflexion culpabilisante en disant que si vous n’avez plus de lait, vous risqueriez de laisser mourir de faim votre enfant. Et un petit “le problème de l’allaitement, c’est qu’on ne sait pas combien le bébé prend”. A la base, ce n’est pas un problème. C’est notre société ultra-médicalisée qui veut tout contrôler et mesurer.
Recevoir ce genre de conseil ne fera que plonger un peu plus bas dans votre mer de désespoir (stress et culpabilité en prime). Vous risquez d’abandonner l’espoir de revenir à un allaitement agréable et exclusif.
Alors que c’est tout à fait possible de vivre son allaitement sereinement, sans stress de la balance, ni de laisser mourir de faim son bébé.
3. Booster sa lactation pour avoir plus de lait maternel
a) On passe à l’action
Nous y voilà, à la partie que vous pouvez maîtriser.
Vous êtes motivée à continuer l’allaitement ? Bon, alors une fois que vous êtes sûre qu’il n’y a qu’une baisse de lactation (et que la cause de l’étape 2 a été éliminée), on peut passer à cette étape.
Il faudra augmenter votre production de lait.
b) Il ne faut pas tarder !
C’est important de ne pas tarder à rebooster sa lactation, car si on prend trop de temps, le bébé peut vite se sevrer (en moins de 15 jours).
Si votre bébé hurle tous les soirs, vous commencez à lui donner un biberon chaque soir, puis pareil l’après-midi, puis au fur et à mesure sans vous en rendre compte vous aurez sevré votre bébé et remplacé toutes les tétées par des biberons de lait artificiel. Donc tout dépend de votre objectif d’allaitement.
J’avais pris juste quelques jours pour essayer de comprendre pourquoi mon bébé pleurait.
Puis, je me suis décidée et j’ai voulu prendre rendez-vous avec une professionnelle, sauf que j’ai dû attendre 1 semaine pour la voir !!!
Alors, si vous tenez à votre allaitement, ne tardez pas. Pensez aussi au rendez-vous en visio, c’est un gain de temps. (Prendre rendez-vous en ligne).
c) Comment booster sa lactation ?
En comprenant le mécanisme de la lactation : notre corps répond à la loi de l’offre et de la demande”.
Plus les seins sont stimulés, plus ils vont produire.
Il faut donc stimuler le plus possible pour relancer la lactation : soit avec bébé au sein régulièrement, soit en tirant son lait avec un tire-lait. Voire, selon les situation en alternant les 2.
Les aliments galactogènes sont souvent recommandés également, même s’ils n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques. En voici quelques-uns pour exemple :
- dattes
- betteraves
- anis vert
- fenugrec
- amandes
- noisettes…
Vous trouverez facilement des tisanes d’allaitement vendues par les marques de puériculture ou en magasin bio.
Certains facteurs peuvent jouer sur la lactation, sauf qu’on ne peut pas le deviner toute seule : pilule contraceptive, stress, fatigue, cycle hormonal. Il faudra donc se reposer le plus possible et vérifier s’il y a eu un changement qui a pu affecter la lactation.
Le repos, le peau à peau et le portage seront vos meilleurs alliés pour rétablir un lien privilégié avec votre bébé et stimuler votre corps. On laisse tout de coté et on se concentre sur la reprise de la lactation.
d) 2 choses importantes à ne pas négliger.
C’est important de le faire uniquement dans le cas où bébé reçoit bien le lait. Car si on booste sa lactation, mais que le bébé ne prend pas bien le sein par exemple, la maman va se retrouver avec des engorgements. D’où l’importance de l’étape 2 et de bien déterminer la cause de la baisse de lactation.
Autre erreur possible : si on est séparé de bébé, pour le travail par exemple. Il se peut qu’au tire-lait, l’éjection soit difficile. Dans ce cas, ce n’est pas la production de lait qui est en cause et il faudra agir sur ce problème d’éjection spécifiquement.
4. Dernière étape : maintenir la lactation sur le long terme
a) Stabiliser la lactation
Il faudra lors de cette étape, revenir “à la normale”, vous n’allez pas manger que des aliments galactogènes et des tisanes d’allaitement pendant tout votre allaitement quand même ?
b) Pourquoi on stabilise ?
Une fois la machine lancée, il faudra stabiliser au volume de lait dont bébé à besoin. Pas la peine de stimuler plus, vous risqueriez un engorgement s’il ne boit pas. (Ou alors c’est l’occasion de faire du stock pour plus tard, si vous tirez votre lait.)
Mais l’idée, c’est globalement d’arriver à lui fournir tout le lait dont il a besoin, sans avoir à compléter avec du lait artificiel et sans être génée par des engorgements.
c) Fin du boost
Après quelques jours, vous pourrez arrêter les aliments galactogènes et les tirages au tire-lait (sauf en cas de séparation avec bébé). Si bébé tète assez souvent, remplit ses couches régulièrement et que sa prise de poids est correcte, l’épisode de baisse de lactation sera derrière vous.
d) Nous sommes cycliques
Il ne faudra pas prendre votre lactation pour acquise, certains facteurs pourraient revenir perturber votre allaitement dans les semaines ou mois qui suivent (reprise du travail, manque de stimulation lors d’une séparation, quand on est malade, fatiguée, grève de tétée à cause d’une poussée dentaire…). Bref, c’est évolutif.
Et comme nous sommes cycliques, lorsque les cycles menstruels reprennent, on peut remarquer une modification de la lactation en fonction de la période du cycle. Comme dans beaucoup de choses, il y a des hauts et des bas. Avec l’habitude, votre bébé saura se faire comprendre et stimulera chaque fois qu’il en aura besoin. Votre corps s’adaptera.
Conclusion
Vous voyez que c’est réalisable de booster sa lactation, mais que cela demande de comprendre le mécanisme de lactation et de se faire accompagner par une personne qui connait le sujet pour mettre toutes les chances de votre côté pour réussir.
Vous pouvez commencer par vérifier que vous avez toujours du lait (cf étape 1) et dans le doute prendre rendez-vous avec un spécialiste de l’allaitement.
Du moment que vous répondez à la demande de votre bébé, qu’il remplit ses couches et prend du poids, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Pour allez plus loin, vous pouvez télécharger ma Check-list « Booster sa lactation » ici.
Sources :
Statistique arrêt allaitement :
Hypoplasie mammaire et allaitement maternel :
Opération des seins et allaitement :
https://docteur-picovski.com/faq/protheses-mammaires-grossesse-allaitement/
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/Allaitement_recos.pdf
https://resources.beststart.org/wp-content/uploads/2018/12/B02-F.pdf
Fin de l’allaitement par manque de lait :
https://www.coordination-allaitement.org/images/publications/Livret_des_JRA1_de_2005_%C3%A0_2008.pdf
https://www.medela.fr/allaitement/experience-de-maman/production-insuffisante-lait-maternel
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